« La Grande Coupure » du 15 janvier 1944

Nous sommes au soir du 15 janvier 1944. L’activité fébrile des groupes de partisans contre l’occupation nazie présente de nombreuses facettes, qui vont de la propagande clandestine jusqu'à l’exécution de responsables de la répression nazie. Le « Groupe G », un groupe de résistants issu des milieux universitaires libres de Bruxelles, se caractérise par son choix de lutter principalement à travers la méthode du sabotage de l’économie. Ils aident ainsi des ouvriers à saboter les usines de l’intérieur, fournissant connaissances et matériel, mais mettent aussi sur pied des groupes de saboteurs qui vont surtout s’attaquer aux transports (de produits via les routes, les canaux et les chemins-de-fer, d’informations via le réseau de téléphone et de radio, et d’énergie via le réseau électrique et les dépôts de pétrole), et aux points vulnérables de l’industrie.

Ce soir-là, entre 20 et 23 heures, les saboteurs du Groupe G font sauter les pylônes du Borinage. Tout de suite, la coupure remonte vers La Louvière, Court-Saint-Étienne, Charleroi, Namur, puis bifurque vers la région liégeoise vers Bressoux et Visé, tout en rayonnant en direction d’Alost, Termonde, Malines, Courtrai.
La démolition à l'explosif de 28 pylônes à haute-tension a pour effet de priver d'énergie et de façon durable de nombreuses usines à travers tout le pays, et jusque dans le bassin rhénan. Un grand nombre d’entreprises travaillant pour l’effort de guerre allemand sont immédiatement mises à l’arrêt. Il se dit que cela a été la plus grande opération de sabotage coordonnée d’un réseau électrique de toute la Deuxième Guerre Mondiale.

Le sabotage sera toujours l'arme de ceux qui veulent en finir avec l’oppression, qu’elle se nomme nazie, capitaliste ou étatique.