Brèves du désordre 46

Télécommunication interrompue - « Cher client. Il est possible qui vous ayez récemment rencontré des difficultés lors de l’utilisation de votre téléphone mobile. Ces problèmes techniques ont été causés par un incendie. » Voilà le message que l’opérateur de téléphonie et d’internet mobile Base a envoyé à tous ses abonnés. En effet, début septembre, un incendie aurait frappé un centre de données de Base, provoquant un black-out total. Contre la télécommunication qui mutile nos relations et ne sert qu’à mieux nous contrôler et exploiter, vive le dialogue, la communication horizontale, directe et non-médiée par des instruments du pouvoir. Multiplier les sabotages contre les infrastructures de télécommunication, c’est court-circuiter la voix du maître et le train-train quotidien.


Bruxelles ma belle - A coups de projets prestigieux et commerciaux, de toujours plus de flics dans les rues et de caméras de vidéosurveillance partout, le pouvoir mène son offensive contre la Bruxelles d’en bas, la Bruxelles des opprimés et des exploités. Son but, c’est de les priver de toute velléité de révolte et de les transformer en esclaves obéissants. Il y a pourtant aussi des signes indiquant que la lutte est toujours en cours. Ainsi, dans la belle tradition bruxelloise (et pas que, espérons-le !), mi-août, quelqu’un a dérobé l’ordinateur portable, ainsi qu'une sacoche de Delvaux et un costume, dans la voiture de fonction du premier ministre Elio di Rupo. Le vol a été perpétré alors qu'Elio Di Rupo s’était rendu en fin de journée dans une salle de fitness bruxelloise avenue des Arts, en quittant le siège de la Commission européenne. Les voleurs ont fracturé une porte et brisé des vitres pour emporter le contenu du coffre de sa voiture. Rappelons que les années précédentes, d’autres figures emblématiques du pouvoir ont été le cible d’agressions et de vols en circulant dans les rues de Bruxelles : l’archevêque Léonard, la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet (à deux reprises), le vice-président du parlement européen (sa bagnole a été cramée), le ministre de la Jeunesse carjacké…


Crever les yeux de l’Etat - Partout à Bruxelles, le pouvoir est en train d’implanter des caméras de vidéosurveillance, transformant la ville en grande prison à ciel ouvert. Dans la presse du pouvoir, on a pu lire que des actes de sabotage contre elle avaient été perpétrés au centre-ville. Et si la presse en parle, on peut être presque sûr que ce n’est que le sommet de l’iceberg et que bon nombre d'autres sabotages visent les yeux de l’Etat. L’article de presse était presque un manuel pour ceux qui veulent s’adonner à ce genre de sabotage, ce qu’on ne peut qu’encourager. L’article expliquait que les poteaux auxquels sont fixées les caméras s’ouvrent avec un outil spécial, de type clé triangulaire, voire clé à pipe. A l’intérieur du poteau se trouvent les câbles (un câble d’alimentation de 220 volts couplé à un transformateur qui met le courant à 12 volts ; et des câbles de fibre optique pour la transmission des données). Ces câbles peuvent alors être coupés ou, comme ça a été le cas au Marché au Poisson et au Quai au Bois de Construction au centre-ville de Bruxelles, brûlés, par exemple en bourrant la partie intérieure avec du tissu et d’autres matériaux inflammables pour ensuite y bouter le feu. L’article nous apprend encore qu’il y a apparemment de bons citoyens, propriétaires de magasins ou de maisons, qui proposent volontairement aux autorités de faire installer ces caméras de vidéosurveillance sur leur façade, estimant que cela contribue à leur propre sécurité ! A chacun de démontrer le contraire.


Braquages contre le mur des branchés - La restructuration urbaine a réussi à plus ou moins ériger un mur le long du Canal, séparant le quartier pauvre et populaire de Molenbeek du centre-ville branché et huppé autour de la rue Dansaert. Ce « mur » est bien emblématique de la transformation de Bruxelles en ville-prison. Heureusement, il y en a encore qui escaladent ces murs, il y a encore de la résistance contre cette offensive du pouvoir pour attirer des eurocrates, des bobos friqués, de jeunes entrepreneurs etc. Ainsi, en juin et en juillet, plusieurs braquages ont visé les commerces sur la rue Dansaert. D’abord le café huppé Barbeton, juste après la fin du match de la Coupe du Monde. Ensuite, l’autre café branché, De Walvis. Et deux semaines plus tard, encore une fois le Barbeton. Ces deux cafés font partie de la « chaîne » de cafés de l’entrepreneur-architecte Frédéric Nicolay. Les braqueurs ont menacé le personnel et le patron, pris le contenu de la caisse et du coffre et, avant de s’en aller, ont enfermé les personnes présentes dans la cave ou dans les toilettes. Dans la série de braquages bien ciblés, à noter encore celui du magasin Easy M, le grand revendeur des produits Mac. Là, les braqueurs ont réussi à rafler non seulement l’argent, mais tout un stock de I-Pad et d’I-Phone. Et le meilleur dans toute l’histoire : jusque-là, personne n’a été arrêté pour ces braquages. Face aux bourges, vive l’expropriation prolétaire !


Sus aux flics ! - Dans la cité sociale Andromède, à Woluwé-Saint-Lambert, des jeunes ont réussi à chasser à plusieurs reprises les poulets. Dès la nuit tombée (mais pas seulement), des patrouilles de police sont prises à partie à coups de barres de fer, de jets de pierres, de chaînes de vélos. Les anti-poulets se protègent en cachant leurs visages sous des cagoules ou des écharpes. Des guet-apens aussi : un containeur-poubelle en PVC est mis au milieu de la route avant d’être incendié. Les policiers qui interviennent essuient alors des jets de pierres. Révoltés de tous les quartiers, intensifions la révolte !


Pas de contrôle sans émeute - A Gand, un contrôle de titres de transport sur un tram de De Lijn mi-septembre a bien dégénéré. Au lieu de se soumettre docilement aux chasseurs des fraudeurs, deux jeunes ont résistés à la manie de contrôle. Les contrôleurs débordés ont fait appel à la police qui a été encerclée, insultée, agressée et assaillie par plus de 200 jeunes. Au final, la police a dû dépêcher 20 poulets sur place, a aspergé la foule avec du lacrymo pour sauver son cul, et il y en a eu un qui brandissait une mitraillette ! La porte-parole de De Lijn n’a pas du tout apprécié ce qui s’est passé. « C’est vraiment inacceptable », râlait-elle. Bien sûr que si, madame, c’est même bien, et sachez qu’à partir de maintenant, tout le monde qui en a marre de se faire contrôler aura en arrière tête l’émeute sur la place Wilson !

Pas à l’école - Presque réussi. Pas moins de 22 bus qui quittaient le terrain de stationnement de De Lijn tôt le matin du 2 septembre sont tombés en panne quelques centaines de mètres plus loin. Quelque chose aurait été mélangée dans le diesel, bloquant le moteur. En dépêchant des contrôleurs et en faisant circulent d’autres bus à moitié cassé, De Lijn a malheureusement quand même encore su transporter les jeunes aux camps d’éducation.

Plus jamais de prison - A Bruxelles, un détenu, condamné pour braquages, a réussi à se faire la belle lors de son transfert à l’hôpital d’Erasme. Il était surveillé par deux gardiens du corps de sécurité, mais un complice est venu à son aide en sortant de l’hôpital. L’arme au poing a fourni la force de persuasion nécessaire et les deux ont réussi à disparaître dans la nature.
A Hasselt, deux détenus ont essayé de s’évader en grimpant depuis le préau sur le toit de l’atelier. Un des détenus a escaladé le mur d’enceinte et a sauté dans le vide, 4 mètres plus bas. Et là, les détecteurs de mouvement ont donné l’alerte. Son copain n’a pas fait le saut. Aux dires de la direction pénitentiaire, c’était la toute première tentative d’évasion depuis la nouvelle prison de Hasselt. Ce n’est qu’un début, on espère.