Y’a de la baston dans la taule

Ces dernières semaines, les bonnes nouvelles de révolte se sont succédées dans les prisons belges.
A Forest, deux détenus envoient quatre matons à l’hôpital. Lors d’un énième contrôle de cellule, les matons avaient découvert un gsm. Les deux détenus ont répondu en cassant la table et en attaquant les matons avec les pieds de la table. Grève spontanée du personnel.
À Hasselt, en solidarité avec un détenu tabassé au cachot, 90 personnes se mettent d’accord pour bloquer le préau, dont ils détruisent les bancs, les caméras, cassent les vitres et arrachent les grillages. Ce sont de gros dégâts. 50 flics locaux et fédéraux interviennent, les détenus répondent dignement à cet assaut. Une semaine après, un détenu donne un coup de tête à un surveillant lors de la visite. Grève du personnel.
À la prison d’Anvers, plusieurs détenus foutent le feu à leur cellule. Les dégâts sont de taille.
À Louvain, 6 personnes refusent de réintégrer les cellules et bloquent le préau. Ils détruisent tout ce qu’ils ont sous la main, le terrain de foot, les bancs, les poubelles etc. Ils attaquent ensuite les matons qui veulent les faire rentrer de force. Un maton est blessé. Ils grimpent sur le toit. 40 flics arrivent et font descendre les détenus de force. Un détenu est blessé et transféré pour empêcher toute solidarité.
A la prison pour mineurs d’Everberg, quelques jeunes refusent de réintégrer leurs cellules. S’en suit une belle bagarre entre 20 jeunes et gardiens, où 4 gardiens sont blessés. Grève du personnel.
Voilà ce qu’a bien voulu lâcher la presse. D’autres nouvelles de révolte sont aussi parvenues à nos oreilles.
À Andenne, une personne qui venait de passer un sacré moment en isolement, sort et donne une patate au premier surveillant qui croise son chemin.
A Bruges, un détenu n’accepte pas que le maton veuille entrer dans sa cellule à n’importe quel moment de la journée, sous n’importe quel prétexte. Il le coince dans la porte et lui donne quelques patates. Au quartier de haute sécurité, une personne en a marre de travailler sur les boîtes de cartons et décide de les détruire.
Les nouvelles des révoltes en prison nous réjouissent et nous donnent du courage pour se battre à l’extérieur également. Ce n’est pas le nombre de détenus en révolte qui nous impressionne, mais la volonté de se confronter à ses ennemis et de revendiquer sa dignité. Les trois occupations de préau se sont tellement vite enchaînées qu’il est clair qu’une révolte a donné de la force et du courage à d’autres. Ça faisait longtemps que les détenus n’avaient pas montré une telle détermination à ne pas se laisser faire face aux matons.
Dans un tout autre registre, un mot sur la presse. Ce n’est pas anodin que ces actes de rébellion sortent aujourd’hui dans les journaux. Ils ont été accompagnés par trois grèves des matons – comme par hasard aux premiers beaux jours de l’année – et une concertation des syndicats de matons qui s’annonce musclée. Leur but est de « conscientiser » les politiques à la veille des élections pour toujours demander plus d’effectifs et plus de répression. A Hasselt, ils demandent concrètement que le placement au cachot puisse plus facilement dépasser les 9 jours, pour les détenus les plus récalcitrants ils parlent même d’un prolongement systématique.
Nous pouvons jamais nous fier à la presse pour savoir ce qui s’est réellement passé lors d’une rébellion. Elle racontera toujours la version des matons ou des flics qui sont arrivés pour écraser la révolte. Elle étouffe souvent complètement les petits et grands actes de révolte à l’intérieur, tout comme elle le fait pour ce qui se passe à l’extérieur. La presse est un outil du pouvoir pour gérer les informations qu’il veut bien lâcher, dans un but spécifique. Elle ne fera jamais part des violences faites aux détenus, des humiliations et des mauvais traitements peu spectaculaires et devenus presque le lot quotidien. Elle ne dira jamais dans quel contexte une rébellion a eu lieu. C’est à nous de nous approprier ses actes de révolte et de leur donner des échos !